Voile

Sandra

Sandra

Savamment construite sur un relief en accordéon cette image nous offre le portrait d’une jeune femme. On peut la voir, de face et de profil, gauche et droit, du moins si on se tient face à elle. Par contre, dès que l’on se déplace latéralement, le jeu dynamique des plis du papier restitue les portraits séparés, l’un est voilé, l’autre arbore une abondante chevelure. 

Francesca Scarito, qui pratique par ailleurs la reliure, l’ingéniérie du papier, travaille avec une précision artisanale des bandes de photographies qu’elle recompose à partir de ses propres clichés.

 

Si elle s’apparente aux clichés anthropométriques judiciaires, un “scan” sous toutes les coutures,  cette image est aussi un composite qui tente de restituer la complexité d’une identité. Le regard franc et frontal, le voile de la tradition et les cheveux en liberté, appartiennent pourtant à la même personne. Comment s’y retrouver au milieu de ce chaos apparent que représente une existence ? “Je est un autre” déclamait Rimbaud, soulignant par là, notre schizophrénie moderne. Si nous devenons transparents à nous-mêmes, ce raisonnement seul n’est pas suffisant pour nous comprendre. Et si la raison a le mérite de nous certifier notre existence elle n’explique pas ces changements permanents dont nous sommes affectés. Pour espérer se trouver, c’est la suggestion que nous fait ici l’artiste, il faut accepter de se perdre dans les choses, parmi toutes les facettes qui forment notre identité.                                                                                          G. Caiti

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